ArsĂšneLupin, Gentleman-Cambrioleur Chapitre 1 : L'arrestation d'ArsĂšne Lupin Ăcrit par Maurice Leblanc. Lecture par Falko Jakubikowa. Abonnez-vous pour ne pas manquer les chapitres suivants !1. Introduction 2. CaractĂ©risation textuelle du roman et du texte narratif Le genre roman » petits rappels Le schĂ©ma narratif au service du rĂ©sumĂ© dâun texte narratif 3. DiffĂ©rents types de rĂ©sumĂ©s de textes narratifs 3. 1 Le rĂ©sumĂ© promotionnel Le rĂ©sumĂ© dâĂ©tape 4. Quelques caractĂ©ristiques linguistiques et stylistiques des rĂ©sumĂ©s de textes narratifs Le temps des verbes Exercice no 1 passĂ© composĂ© ou plus-que-parfait Le style 5. Applications rĂ©dactionnelles et exercices Ă partir de deux extraits de romans Autour de la syntaxe dans Lâextraordinaire voyage du fakir⊠Exercice no 2 la structure thĂ©matique de la phrase Autour du vocabulaire dans Lâextraordinaire voyage du fakir⊠Exercices no 3 et no 4 les synonymes Exercice no 5 le genre des noms RĂ©sumĂ© guidĂ© du dĂ©but de Lâextraordinaire voyage du fakir⊠RĂ©sumĂ©s guidĂ©s du dĂ©but de ArsĂšne Lupin contre Herlock SholmĂšs La dame blonde Analyser le fonctionnement narratif dâun roman dâaventures Identifier les fonctions des rĂ©sumĂ©s de textes narratifs DĂ©crire la construction du rĂ©sumĂ© dâun texte narratif selon sa fonction Appliquer des structures syntaxiques aidant Ă rĂ©sumer Faire des choix stylistiques appropriĂ©s au type de rĂ©sumĂ© recherchĂ© Produire des rĂ©sumĂ©s de textes narratifs rĂ©pondant Ă des critĂšres donnĂ©s Dans le chapitre 1, il a Ă©tĂ© Ă©tabli quâun rĂ©sumĂ© est fonction de sa finalitĂ© pour qui et pourquoi lâĂ©crit-on ? Dans ce deuxiĂšme chapitre, nous travaillerons le rĂ©sumĂ© de textes narratifs en prenant comme matĂ©riau de dĂ©part des chapitres de romans dâaventures. Nous analyserons des rĂ©sumĂ©s de textes narratifs ainsi que des chapitres de romans avant de proposer des tĂąches de rĂ©sumĂ©s. Le genre roman » petits rappels On peut dĂ©finir le genre roman » novel par les traits suivants. Câest un texte littĂ©raire narratif un rĂ©cit de fiction /fictionnel tous les textes narratifs ne sont pas des fictions dâune certaine longueur plus long que la nouvelle, ou short story en anglais ancrĂ© dans une culture, une Ă©cole littĂ©raire ancrĂ© dans un sous-genre mĂȘme si certains romans sont inclassables » roman historique, roman dâamour, roman policier, thriller psychologique, roman dâaventures⊠Le roman dâaventures est un genre regroupant divers types de rĂ©cits oĂč le hĂ©ros, souvent masculin, vit des aventures jonchĂ©es de pĂ©ripĂ©ties qui le mettent rĂ©guliĂšrement en danger. Le rĂ©alisme des situations y est dĂ©laissĂ© au profit dâune trame remplie dâintrigues et de suspense. Ă la fin, il convient que la morale soit sauve et que le bien lâemporte sur le mal. Dans les littĂ©ratures francophone et anglophone, ce genre littĂ©raire a connu ses heures de gloire Ă la fin du XIXe siĂšcle et dans la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle; on pense notamment Ă des auteurs comme Jules Verne ou Joseph Conrad, ou encore Alexandre Dumas plus tĂŽt au XIXe siĂšcle. Le roman dâaventures a donnĂ© naissance Ă des sous-genres comme le roman policier, avec de nouveaux hĂ©ros populaires parmi lesquels les cĂ©lĂšbres Hercule Poirot dâAgatha Christie, Sherlock Holmes de Conan Doyle et ArsĂšne Lupin de Maurice Leblanc. Le schĂ©ma narratif au service du rĂ©sumĂ© dâun texte narratif Comme narration fictionnelle, le roman est codifiĂ© dans sa structure. Dans les romans grand public, ce sont gĂ©nĂ©ralement les pĂ©ripĂ©ties qui sont le moteur de lâintĂ©rĂȘt du lecteur sâil ne se passe rien, lâintĂ©rĂȘt tombera pour la majoritĂ© des lecteurs. Durant vos Ă©tudes secondaires, vous avez dâailleurs sans doute Ă©tudiĂ© le schĂ©ma narratif » classique Situation initiale ĂlĂ©ment perturbateur PĂ©ripĂ©ties DĂ©nouement ou Ă©lĂ©ment de rĂ©solution Situation finale Ce schĂ©ma aide Ă dĂ©coder le texte, Ă prĂ©voir la suite du rĂ©cit. Il correspond au script attendu Ă partir dâune situation initiale, quelque chose survient qui entraĂźne une sĂ©rie dâĂ©vĂ©nements et de rebondissements qui trouvent leur rĂ©solution, ce qui amĂšne Ă la fin du roman. On peut sâappuyer sur ce schĂ©ma pour construire un rĂ©sumĂ©. Prenons RomĂ©o et Juliette, de Shakespeare, que vous avez sans doute Ă©tudiĂ© au niveau secondaire Situation initiale Deux grandes familles de VĂ©rone, les Capulet et les Montaigu, sâopposent dans une rivalitĂ© fĂ©roce. ĂlĂ©ment perturbateur RomĂ©o un Montaigu tombe amoureux de Juliette une Capulet, ce qui dĂ©clenchera toute une sĂ©rie de pĂ©ripĂ©ties. PĂ©ripĂ©ties Ils se marient secrĂštement, ce qui provoquera un enchaĂźnement dâĂ©vĂ©nements, qui culmineront avec la pseudo-mort de Juliette. DĂ©nouement ou Ă©lĂ©ment de rĂ©solution Ce voyant, RomĂ©o se tue. Juliette, Ă son rĂ©veil, voit RomĂ©o mort et, patatras !, se tue aussi. Situation finale Les deux familles se rĂ©concilient. Ce dĂ©coupage en cinq Ă©tapes rĂ©sume lâensemble de la trame narrative, mais ne donne pas particuliĂšrement envie de lire RomĂ©o et Juliette. Le rĂ©sumĂ© est strictement utilitaire on en trouvera sur WikipĂ©dia une version plus longue, qui permet de connaĂźtre lâĆuvre sans lâavoir lue ou vue, comme piĂšce ou en film dĂ©rivĂ©. Si lâon rĂ©sume pour faire mousser lâintĂ©rĂȘt » â pour donner lâenvie dâaller voir la piĂšce, par exemple â on emploiera une langue plus dramatique, un vocabulaire plus riche, plus emphatique, un ton plus interactif, et on nâinsistera pas sur le dĂ©nouement qui, de surcroĂźt, dans ce cas-ci, est connu de tous. Comme nous voulons travailler lâexpression dâun dĂ©roulement dâactions, nous nous concentrerons sur les romans dâaventures , forts en pĂ©ripĂ©ties et rebondissements. Le but est de vous aider Ă acquĂ©rir des savoir-faire rĂ©dactionnels essentiels pour mettre en rĂ©cit un enchaĂźnement dâactions de bonnes reprises, de bons marqueurs chronologiques et une utilisation judicieuse du passĂ© composĂ© pour marquer lâaccompli, ainsi que du plus-que-parfait pour marquer lâantĂ©rioritĂ© par rapport Ă un fait passĂ©. Le rĂ©sumĂ© promotionnel Prenons le cas du best-seller français Lâextraordinaire voyage du fakir qui Ă©tait restĂ© coincĂ© dans une armoire IKEA. Sur le site de lâĂ©diteur original, Le Dilettante, on trouve le rĂ©sumĂ© suivant, qui, manifestement, vise Ă donner envie de lire le livre RĂ©sumĂ© Premier roman de la RĂ©vĂ©lation de la RentrĂ©e 2013 Romain PuĂ©rtolas Il Ă©tait une fois Ajatashatru Lavash Patel Ă prononcer, selon les aptitudes linguales, jâarrache ta charrue » ou achĂšte un chat roux », un hindou de gris vĂȘtu, aux oreilles forĂ©es dâanneaux et considĂ©rablement moustachu. Profession fakir assez escroc, grand gobeur de clous en sucre et lampeur de lames postiches. Ledit hindou dĂ©barque un jour Ă Roissy, direction La Mecque du kit, le Lourdes du mode dâemploi Ikea, et ce aux fins dây renouveler sa planche de salut et son gagne-pain en dur un lit Ă clous. Taxi arnaquĂ©, porte franchie et commande passĂ©e dâun modĂšle deux cents pointes Ă visser soi-mĂȘme, trouvant la succursale Ă son goĂ»t, il sây installe, sây lie aux chalands, notamment Ă une dĂ©licieuse Marie RiviĂšre qui lui offre son premier choc cardiaque, et sây fait enfermer de nuit, nidifiant dans une armoire⊠expĂ©diĂ©e tout de go au Royaume-Uni en camion. Digne vĂ©hicule quâil partage avec une escouade de Soudanais clandestins. ApprĂ©hendĂ©s en terre dâAlbion, nos hĂ©ros sont mis en garde Ă vue. RĂ©expĂ©diĂ© en Espagne comme ses compĂšres, Ajatashatru Lavash Patel y percute, en plein aĂ©roport de Barcelone, le taxi flouĂ© Ă qui il Ă©chappe Ă la faveur dâun troisiĂšme empaquetage en malle-cabine qui le fait soudain romain⊠et romancier lâattente en soute Ă©tant longue et poussant Ă lâĂ©criture. ProtĂ©gĂ© de lâactrice Sophie Morceaux, il joue une nouvelle fois la fille de lâair, empruntant une montgolfiĂšre pour se retrouver dans le golfe dâAden puis, cargo aidant, Ă Tripoli. Une odyssĂ©e improbable qui sâachĂšvera festivement en France oĂč Ajatashatru Lavash Patel passera la bague au doigt de Marie dans un climat dâeuphorie cosmopolite. Sur le mode rebondissant des pĂ©riples verniens et des tours de passe-passe houdinesques, voici donc, pour la premiĂšre fois dans votre ville, Lâextraordinaire voyage du fakir qui Ă©tait restĂ© coincĂ© dans une armoire Ikea, un spectacle en Eurovision qui a du battant, du piquant et dont le clou vous ravira. Non, mais. Le rĂ©sumĂ© ci-dessus rend compte de toutes les Ă©tapes du schĂ©ma narratif ou presque Situation initiale Un fakir hindou dĂ©barque Ă lâaĂ©roport Roissy Ă Paris pour aller acheter un lit Ă clous Ă IKEA. ĂlĂ©ment perturbateur Il se rend Ă IKEA en taxi, mais arnaque le chauffeur. PĂ©ripĂ©ties Il rencontre une jolie femme, Marie quâil arnaque aussi un peu, et passe la nuit dans le magasin parce quâil nâa pas dâargent pour aller ailleurs. Quand des employĂ©s surviennent, il se cache dans une armoire⊠Lâarmoire part pour lâAngleterre et Ajatashatru Lavash Patel commence ainsi un tour dâEurope, avec une pointe en Afrique, durant lequel il connaĂźt une sĂ©rie dâaventures plus rocambolesques les unes que les autres. DĂ©nouement ou Ă©lĂ©ment de rĂ©solution De retour en France, il retrouve Marie⊠et le chauffeur de taxi. Situation finale Il se marie avec Marie. Si le rĂ©sumĂ© » de lâĂ©diteur rend bien compte de toutes les Ă©tapes du schĂ©ma narratif, son but est Ă©videmment de susciter un plaisir de lecture par le recours Ă des effets de style reposant surtout sur la cocasserie, Ă commencer par cet hindou de gris vĂȘtu, aux oreilles forĂ©es dâanneaux et considĂ©rablement moustachu », formulation qui peut notamment Ă©voquer le grand mĂ©chant loup aux grandes oreilles et bien velu de plusieurs contes. Au-dessus de ce rĂ©sumĂ©, la maison dâĂ©dition Le Dilettante prĂ©sente le roman dâune façon plus analytique, mais qui rĂ©sume aussi Un voyage low-cost ⊠dans une armoire Ikea ! Une aventure humaine incroyable aux quatre coins de lâEurope et dans la Libye post-Kadhafiste. Une histoire dâamour plus pĂ©tillante que le Coca-Cola, un Ă©clat de rire Ă chaque page mais aussi le reflet dâune terrible rĂ©alitĂ©, le combat que mĂšnent chaque jour les clandestins, ultimes aventuriers de notre siĂšcle, sur le chemin des pays libres. On trouve dans ces quelques lignes le pĂ©riple en Europe et en Afrique, les aventures, lâhistoire dâamour, le ton du rĂ©cit et le message que lâauteur veut vĂ©hiculer. Un rĂ©sumĂ© extrĂȘme » donc, auquel se combine un commentaire Ă©valuatif. Câest le genre de texte quâon lit souvent sur la quatriĂšme de couverture » lâarriĂšre du livre, oĂč lâon prĂ©sente le propos de lâouvrage ou encore des commentaires de critiques littĂ©raires. Les prĂ©sentations de films, dans des programmes, prennent aussi cette forme trĂšs succincte avec ou sans commentaire Ă©valuatif. Le rĂ©sumĂ© dâĂ©tape Un rĂ©sumĂ© narratif peut ne couvrir quâune partie du rĂ©cit. Dans les histoires sĂ©rialisĂ©es, on rĂ©sume souvent lâĂ©pisode prĂ©cĂ©dent au dĂ©but de lâĂ©pisode quâon aborde. Cette forme Ă©tait courante dans les romans en feuilletons ou romans-feuilletons » du XIXe siĂšcle, qui Ă©taient publiĂ©s dans les journaux; en anglais, on pensera Ă Dickens; en français, Ă Alexandre Dumas, Ă HonorĂ© de Balzac, Ă EugĂšne Sue moins connu aujourdâhui et aux cĂ©lĂšbres aventures de Rocambole, le personnage haut en couleur des Drames de Paris de Ponson du Terrail, quâon connaĂźt surtout maintenant par lâadjectif rocambolesque » adjectif dâailleurs souvent utilisĂ© pour dĂ©crire Lâextraordinaire voyage du fakir qui Ă©tait restĂ© coincĂ© dans une armoire IKEA. Le rĂ©sumĂ© dâun Ă©pisode prĂ©cĂ©dent est Ă©galement courant dans les sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es et les websĂ©ries. On retrouve aussi des rĂ©sumĂ©s de lâĂ©pisode prĂ©cĂ©dent ou encore du chapitre Ă venir en tĂȘte de chapitre dans des Ćuvres diverses. Si vous avez lu Candide de Voltaire ou Gulliverâs Travels de Jonathan Swift, vous vous souviendrez peut-ĂȘtre dây avoir vu des rĂ©sumĂ©s en tĂȘte de chapitre Chapitre troisiĂšme. Comment Candide se sauva dâentre les Bulgares, et ce quâil devint Rien nâĂ©tait si beau, si leste, si brillant, si bien ordonnĂ© que les deux armĂ©es. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons formaient une harmonie telle quâil nây en eut jamais en enfer. Les canons renversĂšrent dâabord Ă peu prĂšs six [âŠ] CHAPTER I. THE AUTHOR GIVES SOME ACCOUNT OF HIMSELF AND FAMILY HIS FIRST INDUCEMENTS TO TRAVEL. HE IS SHIPWRECKED, AND SWIMS FOR HIS LIFE; GETS SAFE ASHORE IN THE COUNTRY OF LILLIPUT; IS MADE A PRISONER, AND CARRIED UP THE COUNTRY. My father had a small estate in Nottinghamshire; I was the third of five sons. He sent me to Emmanuel College in Cambridge at fourteen years old, where I resided three years, and applied myself close to my studies; but the charge of maintaining me, although I had a very scanty allowance, being too great for a narrow fortune, I was bound apprentice to Mr. James Bates, an eminent surgeon in London, with whom I continued four years; and my father now and then sending me small sums of money, I laid them out in learning navigation, and other parts of the mathematics useful to those who intend to travel, as I always believed it would be, some time or other, my fortune to do. PremiĂšre partie, chapitre un LâAUTEUR REND UN COMPTE SUCCINCT DES PREMIERS MOTIFS QUI LE PORTĂRENT Ă VOYAGER. IL FAIT NAUFRAGE ET SE SAUVE Ă LA NAGE DANS LE PAYS DE LILLIPUT. ON LâENCHAĂNE ET ON LE CONDUIT EN CET ĂTAT PLUS AVANT DANS LES TERRES. Mon pĂšre, dont le bien, situĂ© dans la province de Nottingham, Ă©tait mĂ©diocre, avait cinq fils jâĂ©tais le troisiĂšme, et il mâenvoya au collĂšge dâEmmanuel, Ă Cambridge, Ă lâĂąge de quatorze ans. Jây demeurai trois annĂ©es, que jâemployai utilement. Mais la dĂ©pense de mon entretien au collĂšge Ă©tait trop grande, on me mit en apprentissage sous M. Jacques Bates, fameux chirurgien Ă Londres, chez qui je demeurai quatre ans. Mon pĂšre mâenvoyant de temps en temps quelques petites sommes dâargent, je les employai Ă apprendre le pilotage et les autres parties des mathĂ©matiques les plus nĂ©cessaires Ă ceux qui forment le dessein de voyager sur mer, ce que je prĂ©voyais ĂȘtre ma destinĂ©e. Les romans-feuilletons recouraient aussi le plus souvent Ă ces rĂ©sumĂ©s en tĂȘte de chapitre ou feuilleton. Voici par exemple un rĂ©sumĂ© dâun chapitre du FantĂŽme de lâopĂ©ra, de Gaston Leroux Chapitre 8. OĂč MM. Firmin Richard et Armand Moncharmin ont lâaudace de faire reprĂ©senter Faust » dans une salle maudite » et de lâeffroyable Ă©vĂ©nement qui en rĂ©sulta. Mais le samedi matin, en arrivant dans leur bureau, les directeurs trouvĂšrent une double lettre de F. de lâO. ainsi conçue Mes chers directeurs, Câest donc la guerre ? Si vous tenez encore Ă la paix, voici mon ultimatum. Il est aux quatre conditions suivantes 1° Me rendre ma loge â et je veux quâelle soit Ă ma libre disposition dĂšs maintenant ; 2° Le rĂŽle de Marguerite » sera chantĂ© ce soir par Christine DaaĂ©. Ne vous occupez pas de la Carlotta qui sera malade ; Dans ces trois cas Candide, Gulliverâs Travels, Le fantĂŽme de lâopĂ©ra, le rĂ©sumĂ© prĂ©sente le chapitre qui commence. Dans dâautres cas, par exemple dans les petits romans du magazine pour enfants Jâaime lire, câest le chapitre prĂ©cĂ©dent qui est rĂ©sumĂ© afin de permettre Ă lâenfant de fractionner sa lecture sâil le souhaite[1] ». Ainsi, en tĂȘte du chapitre 2 du roman Sur la trace du blaireau perdu de CĂ©line Claire, trouve-t-on le rĂ©sumĂ© suivant du premier chapitre Manon et Alex viennent de rejoindre Tonton Jacques Ă vĂ©lo. Il leur montre sa dĂ©couverte un blaireau blessĂ© au bord de la route⊠Jâaime lire, no 459 bis, 2015 Comme on le voit, on peut rĂ©sumer un texte narratif ou un extrait de texte narratif de bien des façons selon la finalitĂ© du rĂ©sumĂ©. Voyons maintenant quelques caractĂ©ristiques linguistiques et stylistiques essentielles du rĂ©sumĂ© du texte narratif. Le temps des verbes Le temps le plus communĂ©ment employĂ© pour rĂ©sumer une narration est le prĂ©sent narratif. Pourquoi ? Parce que le rĂ©sumĂ© nâest pas la narration mĂȘme. DâoĂč la difficultĂ© Ă rĂ©diger le rĂ©sumĂ© au passĂ© simple, qui est un temps du rĂ©cit, un temps qui distancie[2]. Or, le rĂ©sumĂ© dâun texte narratif fonctionne comme un dialogue direct avec le lecteur. MĂȘme le passĂ© composĂ© est difficile on ne raconte pas quelque chose qui est arrivĂ©, on rend compte dâune histoire fictive, comme si on y Ă©tait; le prĂ©sent narratif ou prĂ©sent historique crĂ©e cet effet. Bien Ă©videmment, on aura tout de mĂȘme besoin du passĂ© composĂ© et parfois du plus-que-parfait pour relater des faits antĂ©rieurs Ă ceux qui construisent la chaĂźne narrative de base du rĂ©sumĂ©. Câest bien le prĂ©sent qui est utilisĂ© dans le rĂ©sumĂ© long de Lâextraordinaire voyage du fakir qui Ă©tait restĂ© coincĂ© dans une armoire IKEA ⊠dĂ©barque un jour Ă Roissy, ⊠sây installe⊠nos hĂ©ros sont mis en garde Ă vue prĂ©sent passif ⊠à qui il Ă©chappe ⊠il joue une nouvelle fois la fille de lâair⊠Mais, si on veut rappeler des faits et des situations antĂ©rieurs aux Ă©vĂ©nements quâon est en train de rĂ©sumer, on utilisera le passĂ© composĂ© Lavash Patel dĂ©barque Ă Roissy pour acheter un matelas Ă clous. Il a quittĂ© lâInde la veille avec pour seul pĂ©cule un faux billet de 100 euros. On peut aussi utiliser le passĂ© composĂ© simplement pour marquer lâaspect rĂ©sultatif dâune action par rapport aux autres dans une sĂ©quence Lavash Patel sâinterroge. Lui, un homme bon ? Il sâest plutĂŽt toujours vu comme un charlatan ! Lavash Patel entre dans le magasin, trouve le rayon des lits, choisit le modĂšle et le commande. Il a accompli sa mission. Il peut maintenant se reposer jusquâau lendemain. Pour marquer lâantĂ©rioritĂ© par rapport Ă un moment dont on parle au passĂ© composĂ©, on utilisera le plus-que-parfait Lavash Patel arrive Ă Paris un peu fatiguĂ©. Il a pris lâavion la veille et comme il nâavait jamais pris lâavion avant, il nâa pas fermĂ© lâĆil de la nuit. Ou encore pour marquer une antĂ©rioritĂ© lointaine par rapport au moment du rĂ©cit Lavash Patel se remĂ©more son enfance sa rencontre avec un pĂ©dophile qui lâavait sodomisĂ©, mais aussi la tendresse infinie de sa mĂšre adoptive. Le plus-que-parfait sâutilise aussi pour marquer lâaspect rĂ©sultatif dans le passĂ©. Il Ă©tait heureux. Il avait trouvĂ© lâĂąme sĆur. RAPPELS PassĂ© composĂ© antĂ©rioritĂ© par rapport au prĂ©sent de la narration ou rĂ©sultat dans le prĂ©sent Plus-que-parfait antĂ©rioritĂ© par rapport Ă un moment du passĂ© ou rĂ©sultat dans le passĂ© Le style Comme nous lâavons dit plus haut, le rĂ©sumĂ© dâun texte narratif Ă©crit vise Ă donner aux lecteurs potentiels lâenvie de lire lâouvrage il doit ĂȘtre expressif et susciter des reprĂ©sentations quasi cinĂ©matographiques des personnages et du cadre de lâaction; sa visĂ©e est publicitaire. Lorsque le rĂ©sumĂ© porte seulement sur une partie du roman, un chapitre par exemple, la langue peut ĂȘtre plus sobre le but premier est alors dâaider le lecteur Ă se remĂ©morer ce qui prĂ©cĂšde ou Ă sauter des parties du rĂ©cit; cela nâempĂȘche cependant pas de chercher Ă reconstruire lâatmosphĂšre, Ă reproduire le ton, ou lâeffet de suspense sâil y en a. Vous trouverez ci-dessous deux parcours dâapplications rĂ©dactionnelles et dâexercices. Le premier porte sur les trois premiers chapitres de Lâextraordinaire voyage du fakir qui Ă©tait restĂ© coincĂ© dans une armoire IKEA. Le second sur lâun des romans de la cĂ©lĂšbre sĂ©rie des ArsĂšne Lupin ArsĂšne Lupin contre Herlock SholmĂšs La dame blonde. Autour de la syntaxe dans Lâextraordinaire voyage du fakir qui Ă©tait restĂ© coincĂ© dans une armoire IKEA Pour bien rĂ©sumer, il faut faire des phrases qui condensent lâinformation, ce qui passe notamment par une syntaxe dense, autant dans la partie thĂ©matique the topic de la phrase, câest-Ă -dire ce qui est en dĂ©but de phrase circonstants en tĂȘte de phrase et sujet, que dans la partie rhĂ©matique the comment, câest-Ă -dire le verbe et ses complĂ©ments ainsi que les circonstants placĂ©s en fin de phrase. Remplissez le tableau que vous trouverez ici avec les structures demandĂ©es sujets comprenant une subordonnĂ©e relative explicative, diffĂ©rentes formes syntaxiques de complĂ©ments circonstanciels de cause antĂ©posĂ©s, etc.; dans la colonne 3, vous placez des exemples tirĂ©s des troispremiers chapitres du roman; dans la colonne 4, vous construisez des exemples qui pourraient sâintĂ©grer dans votre rĂ©sumĂ©. Le but de lâexercice est de vous aider Ă enrichir vos dĂ©buts de phrases en vous amenant Ă avoir une vision synthĂ©tique des constructions les plus courantes qui densifient les thĂšmes et structurent la progression du texte. Autour du vocabulaire dans Lâextraordinaire voyage du fakir⊠a Les synonymes Savoir choisir le mot qui convient le mieux parmi une sĂ©rie de mots de sens proches est au coeur de toute Ă©criture. Parmi les outils les plus efficaces pour comprendre les nuances de sens entre synonymes et mots de sens proches, Antidote figure en trĂšs bonne place, en raison, notamment, de la convivialitĂ© de lâinterface de son sous-dictionnaire des synonymes. Sans doute dâailleurs, lâutilisez-vous dĂ©jĂ , la plupart des universitĂ©s Ă©tant abonnĂ©es Ă Antidote. Les deux exercices qui suivent vous amĂšneront Ă travailler systĂ©matiquement avec Antidote pour explorer des champs synonymiques autour de thĂšmes clĂ©s de Lâextraodinaire voyage du fakir qui Ă©tait restĂ© coincĂ© dans une armoire IKEA. Exercice no 3 Explorez les synonymes des mots voyage et aventure dans Antidote, puis faites lâexercice autocorrigĂ© que vous trouverez ici. Exercice no 4 Explorez les synonymes du mot bizarre, dans Antidote, puis faites lâexercice autocorrigĂ© que vous trouverez ici. b Le genre des noms Apprendre des noms en français, câest les apprendre avec leur genre grammatical masculin ou fĂ©minin ! Lisez le premier chapitre de Lâextraordinaire voyage du fakir qui Ă©tait restĂ© coincĂ© dans une armoire IKEA, puis faites lâexercice suivant pour vĂ©rifier si vous avez la mĂ©moire du genre grammatical. Cet exercice vise Ă vous entraĂźner Ă mobiliser une petite partie de votre attention pour observer le genre et le retenir. Il est conçu de façon Ă vous permettre de le faire rapidement la liste des noms suit le chapitre 1, de la page 13 Ă la page 16. Dans certains cas, le genre des noms est donnĂ© dans le texte ex. son costume, sa cravate et parfois non ex. Ă mi-voix ne dit pas si voix est un nom masculin ou fĂ©minin â et on dit bien un choix, mais une noix. Avec ou sans lâaide du livre, vous devriez trouver la majoritĂ© des rĂ©ponses. Ă la deuxiĂšme tentative, vous devriez obtenir 30 sur 30. Ajoutez un » ou une » devant les noms. RĂ©sumĂ© guidĂ© du dĂ©but de Lâextraordinaire voyage du fakir qui Ă©tait restĂ© coincĂ© dans une armoire IKEA Lâextraordinaire voyage du fakir qui Ă©tait restĂ© coincĂ© dans une armoire IKEA est un roman de Romain PuĂ©rtolas, paru en 2013. Grand succĂšs de librairie en France, le livre a Ă©tĂ© traduit dans plusieurs langues; un film en a aussi Ă©tĂ© est alerte et un rebondissement[3] nâattend pas lâautre. Quoi de mieux pour un exercice de rĂ©sumĂ© dâun texte narratif? Quelques exercices accompagnent la tĂąche de rĂ©sumĂ© proprement dite. Vous trouverez sur le site du Livre de poche[4] les trois premiers mini-chapitres de Lâextraordinaire voyage du fakir qui Ă©tait restĂ© coincĂ© dans une armoire IKEA Lisez ces trois mini-chapitres en pensant aux Ă©tapes du schĂ©ma narratif. Ensemble, ils prĂ©sentent la situation initiale et lâĂ©lĂ©ment dĂ©clencheur... Ălaborez mentalement un rĂ©sumĂ© et racontez oralement le dĂ©but du rĂ©cit Ă quelques autres Ă©tudiants de votre cours. En Ă©coutant les rĂ©sumĂ©s des autres, relevez les diffĂ©rences dâun rĂ©sumĂ© Ă lâautre Quâest-ce qui est dit, quâest-ce qui nâest pas dit ? Comment les phrases sâenchaĂźnent-elles ? Emploie-t-on beaucoup de complĂ©ments circonstanciels pour exprimer les circonstances[5] ? La phrase qui clĂŽt le petit rĂ©sumĂ© a-t-elle du punch ? Ouvre-t-elle sur la suite ?.. Pour bien rendre compte de la situation initiale et de lâĂ©lĂ©ment dĂ©clencheur, pensez Ă camper le dĂ©cor le lieu, les personnages et lâarnaque en termes vivants quâest-ce qui arrive Ă qui et pourquoi ? Ouvrez sur les pĂ©ripĂ©ties Ă venir, comme le fait la fin du chapitre 3.⊠RĂ©digez un rĂ©sumĂ© de 150 Ă 200 mots des trois premiers chapitres de Lâextraordinaire voyage du fakir qui Ă©tait restĂ© coincĂ© dans une armoire IKEA. Imaginez que vous Ă©crivez votre rĂ©sumĂ© pour un ami francophone qui nâaurait pas encore lu le livre. Faites un bon usage de la subordonnĂ©e relative et de lâapposition, notamment pour dĂ©crire les personnages. Soignez la progression thĂ©matique nâutilisez pas toujours le fakir » ou il » en sujet; mettez des complĂ©ments circonstanciels en tĂȘte de phrase. ⊠RĂ©sumĂ©s guidĂ©s de sĂ©quences de ArsĂšne Lupin contre Herlock SholmĂšs La dame blonde ArsĂšne Lupin, câest le cĂ©lĂšbre personnage de gentleman-cambrioleur dâune sĂ©rie de romans du dĂ©but du XXe siĂšcle. PubliĂ©s au dĂ©part en feuilleton dans la revue encyclopĂ©dique Je sais tout, les romans de Maurice Leblanc mettant en scĂšne ArsĂšne Lupin ont connu une telle postĂ©ritĂ© quâon ne compte plus les Ćuvres qui en sont dĂ©rivĂ©es films, sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es, chansons, bandes dessinĂ©es, mangas, jeuxâŠ[6]ArsĂšne Lupin contre Herlock SholmĂšs rassemble trois rĂ©cits. Nous travaillerons ici le premier chapitre du premier rĂ©cit, La dame blonde. Si la sociĂ©tĂ© dĂ©peinte est Ă©videmment bien diffĂ©rente du monde que vous connaissez, vous verrez en lisant le premier chapitre que la langue nâest pas particuliĂšrement vieillotte; en fait, le texte se lit trĂšs facilement. Vous verrez aussi que les rebondissements[7] ne manquent Lecture guidĂ©e du premier chapitre Faites une premiĂšre lecture au complet du chapitre 1, Le numĂ©ro 514-sĂ©rie 23 » de La dame blonde. Certains mots et Ă©lĂ©ments culturels sont expliquĂ©s. Vocabulaire. Cherchez dans Antidote ou le Petit Robert cinq synonymes du verbe voler to steal que vous pourriez rĂ©utiliser dans vos rĂ©sumĂ©s. Faites une phrase pour chacun. b RĂ©sumĂ©s de la premiĂšre sĂ©quence du premier chapitre La premiĂšre sĂ©quence du chapitre, qui se termine sur lâannonce de lâenlĂšvement de Suzanne Gerbois, a Ă©tĂ© dĂ©coupĂ©e en 12 Ă©tapes dans un tableau MS Word ici . RĂ©sumez lâessentiel de chaque Ă©tape en 1-3 phrases courtes et expressives, en gardant lâintensitĂ© dramatique. Des exemples sont donnĂ©s pour les premiĂšres Ă©tapes. En vous aidant de vos mini-rĂ©sumĂ©s pour chaque Ă©tape de la sĂ©quence, composez un rĂ©sumĂ© global dâenviron 200 mots. NâhĂ©sitez pas Ă remanier abondamment pour que le rĂ©sumĂ© coule bien. Comme dans le rĂ©sumĂ© du dĂ©but de Lâextraordinaire voyage du fakirâŠ, faites un bon usage de la subordonnĂ©e relative et de lâapposition, notamment pour dĂ©crire les personnages. Soignez la progression thĂ©matique en variant les sujets et en mettant des complĂ©ments circonstanciels en tĂȘte de phrase. Produisez un second rĂ©sumĂ© plus objectif, moins dramatique nâutilisez pas un ton exclamatif. Faites des phrases plus complexes, plus analytiques. c RĂ©sumĂ©s de la deuxiĂšme sĂ©quence du premier chapitre Produisez deux rĂ©sumĂ©s dâenviron 200 mots de la deuxiĂšme sĂ©quence du chapitre dans le premier, vous jouerez des effets dramatiques exclamations, modalisations Ă©motives fortesâŠ; dans le second, vous utiliserez un ton plus sobre, plus neutre.
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Maurice Leblanc Wikipedia Naissance 11-11-1864 DĂ©cĂšs 6-11-1941 Mort il y a 81 ans Ă l'Ăąge de 77 ans Pays France Langue Francais Maurice Leblanc 1864-1941 est l'auteur de nombreux romans policiers et d'aventures, il est le crĂ©ateur du cĂ©lĂšbre personnage d'ArsĂšne Lupin, le gentleman-cambrioleur. En 1905, Pierre Lafitte, directeur du mensuel Je sais tout, lui commande une nouvelle qui s'intitulera L'Arrestation d'ArsĂšne Lupin. Deux ans plus tard, ArsĂšne Lupin est publiĂ© en livre. En 1912, Maurice Leblanc est reconnu par ses pairs et est dĂ©corĂ© de la LĂ©gion d'honneur. Puis, la guerre Ă©clate en 1914 et tous les Ă©crivains voient leurs publications se rĂ©duire. Durant cette pĂ©riode de troubles, Marcel Leblanc Ă©crit des chefsd'oeuvre comme L'Ăźle aux trente cercueils ou encore Le triangle d'or. DĂšs 1919, les studios d'Hollywood achĂštent des droits pour porter Ă l'Ă©cran les aventures d'ArsĂšne Lupin. Leblanc s'Ă©teint en 1941 Ă l'Ăąge de 77 ans.Treizejour pour vaincre Percy Jackson. RĂ©sumĂ© plus dĂ©taillĂ© dans le chapitre 1. Rated: Fiction K+ - French - Adventure/Humor - Chapters: 35 pendant cette interminable minute oĂč je suis restĂ© dos Ă dos avec HĂ©lĂšna Ă attendre la prochaine apparition du gentleman cambrioleur, que j'ai rĂ©ellement compris d'oĂč lui venait sa force. Il ne nous avait pas portĂ© un seul coup, Ă
L'Aiguille Creuse Image de couverture Shutterstock Copyright © 1909, 2021 SAGA Egmont Tous droits rĂ©servĂ©s ISBN 9788726890891 1Ăšre edition ebook Format EPUB Aucune partie de cette publication ne peut ĂȘtre reproduite, stockĂ©e/archivĂ©e dans un systĂšme de rĂ©cupĂ©ration, ou transmise, sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, sans l'accord Ă©crit prĂ©alable de l'Ă©diteur, ni ĂȘtre autrement diffusĂ©e sous une forme de reliure ou de couverture autre que dans laquelle il est publiĂ© et sans qu'une condition similaire ne soit imposĂ©e Ă l'acheteur ultĂ©rieur. Cet ouvrage est republiĂ© en tant que document historique. Il contient une utilisation contemporaine de la langue. Saga Egmont - une partie d'Egmont, Chapitre premier Le coup de feu R aymonde prĂȘta lâoreille. De nouveau et par deux fois le bruit se fit entendre, assez net pour quâon pĂ»t le dĂ©tacher de tous les bruits confus qui formaient le grand silence nocturne, mais si faible quâelle nâaurait su dire sâil Ă©tait proche ou lointain, sâil se produisait entre les murs du vaste chĂąteau, ou dehors, parmi les retraites tĂ©nĂ©breuses du parc. Doucement elle se leva. Sa fenĂȘtre Ă©tait entrouverte, elle en Ă©carta les battants. La clartĂ© de la lune reposait sur un calme paysage de pelouses et de bosquets oĂč les ruines Ă©parses de lâancienne abbaye se dĂ©coupaient en silhouettes tragiques, colonnes tronquĂ©es, ogives incomplĂštes, Ă©bauches de portiques et lambeaux dâarcs-boutants. Un peu dâair flottait Ă la surface des choses, glissant Ă travers les rameaux nus et immobiles des arbres, mais agitant les petites feuilles naissantes des massifs. Et soudain, le mĂȘme bruit⊠CâĂ©tait vers sa gauche et audessous de lâĂ©tage quâelle habitait, par consĂ©quent dans les salons qui occupaient lâaile occidentale du chĂąteau. Bien que vaillante et forte, la jeune fille sentit lâangoisse de la peur. Elle passa ses vĂȘtements de nuit et prit les allumettes. â Raymonde⊠Raymonde⊠Une voix faible comme un souffle lâappelait de la chambre voisine dont la porte nâavait pas Ă©tĂ© fermĂ©e. Elle sây rendait Ă tĂątons, lorsque Suzanne, sa cousine, sortit de cette chambre et sâeffondra dans ses bras. â Raymonde⊠câest toi?⊠tu as entendu?⊠â Oui⊠tu ne dors donc pas? â Je suppose que câest le chien qui mâa rĂ©veillĂ©e⊠il y a longtemps⊠Mais il nâaboie plus. Quelle heure peut-il ĂȘtre? â Quatre heures environ. â Ăcoute⊠On marche dans le salon. â Il nây a pas de danger, ton pĂšre est lĂ , Suzanne. â Mais il y a du danger pour lui. Il couche Ă cĂŽtĂ© du petit salon. â M. Daval est lĂ aussi⊠â Ă lâautre bout du chĂąteau⊠Comment veux-tu quâil entende? Elles hĂ©sitaient, ne sachant Ă quoi se rĂ©soudre. Appeler? Crier au secours? Elles nâosaient, tellement le bruit mĂȘme de leur voix leur semblait redoutable. Mais Suzanne qui sâĂ©tait approchĂ©e de la fenĂȘtre Ă©touffa un cri. â Regarde⊠un homme prĂšs du bassin. Un homme en effet sâĂ©loignait dâun pas rapide. Il portait sous le bras un objet dâassez grandes dimensions dont elles ne purent discerner la nature, et qui, en ballottant contre sa jambe, contrariait sa marche. Elles le virent qui passait prĂšs de lâancienne chapelle et qui se dirigeait vers une petite porte dont le mur Ă©tait percĂ©. Cette porte devait ĂȘtre ouverte, car lâhomme disparut subitement, et elles nâentendirent point le grincement habituel des gonds. â Il venait du salon, murmura Suzanne. â Non, lâescalier et le vestibule lâauraient conduit bien plus Ă gauche⊠à moins que⊠Une mĂȘme idĂ©e les secoua. Elles se penchĂšrent. Audessous dâelles, une Ă©chelle Ă©tait dressĂ©e contre la façade et sâappuyait au premier Ă©tage. Une lueur Ă©clairait le balcon de pierre. Et un autre homme qui portait aussi quelque chose enjamba ce balcon, se laissa glisser le long de lâĂ©chelle et sâenfuit par le mĂȘme chemin. Suzanne, Ă©pouvantĂ©e, sans forces, tomba Ă genoux, balbutiant â Appelons!⊠appelons au secours!⊠â Qui viendrait? ton pĂšre⊠Et sâil y a dâautres hommes et quâon se jette sur lui? â On pourrait avertir les domestiques⊠ta sonnette communique avec leur Ă©tage. â Oui⊠oui⊠peut-ĂȘtre, câest une idĂ©e⊠Pourvu quâils arrivent Ă temps! Raymonde chercha prĂšs de son lit la sonnerie Ă©lectrique et la pressa du doigt. Un timbre en haut vibra, et elles eurent lâimpression que, dâen bas, on avait dĂ» en percevoir le son distinct. Elles attendirent. Le silence devenait effrayant, et la brise elle-mĂȘme nâagitait plus les feuilles des arbustes. â Jâai peur⊠jâai peur⊠rĂ©pĂ©tait Suzanne. Et, tout Ă coup, dans la nuit profonde, au-dessous dâelles, le bruit dâune lutte, un fracas de meubles bousculĂ©s, des exclamations, puis, horrible, sinistre, un gĂ©missement rauque, le rĂąle dâun ĂȘtre quâon Ă©gorge⊠Raymonde bondit vers la porte. Suzanne sâaccrocha dĂ©sespĂ©rĂ©ment Ă son bras. â Non⊠ne me laisse pas⊠jâai peur. Raymonde la repoussa et sâĂ©lança dans le corridor, bientĂŽt suivie de Suzanne qui chancelait dâun mur Ă lâautre en poussant des cris. Elle parvint Ă lâescalier, dĂ©gringola de marche en marche, se prĂ©cipita sur la grande porte du salon et sâarrĂȘta net, clouĂ©e au seuil, tandis que Suzanne sâaffaissait Ă ses cĂŽtĂ©s. En face dâelles, Ă trois pas, il y avait un homme qui tenait Ă la main une lanterne. Dâun geste, il la dirigea vers les deux jeunes filles, les aveuglant de lumiĂšre, regarda longuement leurs visages, puis sans se presser, avec les mouvements les plus calmes du monde, il prit sa casquette, ramassa un chiffon de papier et deux brins de paille, effaça des traces sur le tapis, sâapprocha du balcon, se retourna vers les jeunes filles, les salua profondĂ©ment, et disparut. La premiĂšre, Suzanne courut au petit boudoir qui sĂ©parait le grand salon de la chambre de son pĂšre. Mais dĂšs lâentrĂ©e, un spectacle affreux la terrifia. Ă la lueur oblique de la lune on apercevait Ă terre deux corps inanimĂ©s, couchĂ©s lâun prĂšs de lâautre. â PĂšre!⊠pĂšre!⊠câest toi?⊠quâest-ce que tu as? sâĂ©cria-t-elle affolĂ©e, penchĂ©e sur lâun dâeux. Au bout dâun instant, le comte de Gesvres remua. Dâune voix brisĂ©e, il dit â Ne crains rien⊠je ne suis pas blessé⊠Et Daval? estce quâil vit? le couteau?⊠le couteau?⊠à ce moment, deux domestiques arrivaient avec des bougies. Raymonde se jeta devant lâautre corps et reconnut Jean Daval, le secrĂ©taire et lâhomme de confiance du comte. Sa figure avait dĂ©jĂ la pĂąleur de la mort. Alors elle se leva, revint au salon, prit, au milieu dâune panoplie accrochĂ©e au mur, un fusil quâelle savait chargĂ©, et passa sur le balcon. Il nây avait, certes, pas plus de cinquante Ă soixante secondes que lâindividu avait mis le pied sur la premiĂšre barre de lâĂ©chelle. Il ne pouvait donc ĂȘtre bien loin dâici, dâautant plus quâil avait eu la prĂ©caution de dĂ©placer lâĂ©chelle pour quâon ne pĂ»t sâen servir. Elle lâaperçut bientĂŽt, en effet, qui longeait les dĂ©bris de lâancien cloĂźtre. Elle Ă©paula, visa tranquillement et fit feu. Lâhomme tomba. â Ăa y est! ça y est! profĂ©ra lâun des domestiques, on le tient celui-lĂ . Jây vais. â Non, Victor, il se relĂšve⊠descendez lâescalier, et filez sur la petite porte. Il ne peut se sauver que par lĂ . Victor se hĂąta, mais avant mĂȘme quâil ne fĂ»t dans le parc, lâhomme Ă©tait retombĂ©. Raymonde appela lâautre domestique. â Albert, vous le voyez lĂ -bas? prĂšs de la grande arcade?⊠â Oui, il rampe dans lâherbe⊠il est fichu⊠â Surveillez-le dâici. â Pas moyen quâil Ă©chappe. Ă droite des ruines, câest la pelouse dĂ©couverte⊠â Et Victor garde la porte Ă gauche, dit-elle en reprenant son fusil. â Nây allez pas, Mademoiselle! â Si, si, dit-elle, lâaccent rĂ©solu, les gestes saccadĂ©s, laissez-moi⊠il me reste une cartouche⊠Sâil bouge⊠Elle sortit. Un instant aprĂšs, Albert la vit qui se dirigeait vers les ruines. Il lui cria de la fenĂȘtre â Il sâest traĂźnĂ© derriĂšre lâarcade. Je ne le vois plus⊠attention, Mademoiselle⊠Raymonde fit le tour de lâancien cloĂźtre pour couper toute retraite Ă lâhomme, et bientĂŽt Albert la perdit de vue. Au bout de quelques minutes, ne la revoyant pas, il sâinquiĂ©ta, et, tout en surveillant les ruines, au lieu de descendre par lâescalier, il sâefforça dâatteindre lâĂ©chelle. Quand il y eut rĂ©ussi, il descendit rapidement et courut droit Ă lâarcade prĂšs de laquelle lâhomme lui Ă©tait apparu pour la derniĂšre fois. Trente pas plus loin, il trouva Raymonde qui cherchait Victor. â Eh bien? fit-il. â Impossible de mettre la main dessus, dit Victor. â La petite porte? â Jâen viens⊠voici la clef. â Pourtant⊠il faut bien⊠â Oh! son affaire est sĂ»re⊠Dâici dix minutes, il est Ă nous, le bandit. Le fermier et son fils, rĂ©veillĂ©s par le coup de fusil, arrivaient de la ferme dont les bĂątiments sâĂ©levaient assez loin sur la droite, mais dans lâenceinte des murs; ils nâavaient rencontrĂ© personne. â Parbleu, non, fit Albert, le gredin nâa pas pu quitter les ruines⊠On le dĂ©nichera au fond de quelque trou. Ils organisĂšrent une battue mĂ©thodique, fouillant chaque buisson, Ă©cartant les lourdes traĂźnes de lierre enroulĂ©es autour du fĂ»t des colonnes. On sâassura que la chapelle Ă©tait bien fermĂ©e et quâaucun des vitraux nâĂ©tait brisĂ©. On contourna le cloĂźtre, on visita tous les coins et recoins. Les recherches furent vaines. Une seule dĂ©couverte Ă lâendroit mĂȘme oĂč lâhomme sâĂ©tait abattu, blessĂ© par Raymonde, on ramassa une casquette de chauffeur, en cuir fauve. Sauf cela, rien. Ă six heures du matin, la gendarmerie dâOuville-la-RiviĂšre Ă©tait prĂ©venue et se rendait sur, les lieux, aprĂšs avoir envoyĂ© par exprĂšs au parquet de Dieppe une petite note relatant les circonstances du crime, la capture imminente du principal coupable, la dĂ©couverte de son couvre-chef et du poignard avec lequel il avait perpĂ©trĂ© son forfait ». Ă dix heures, deux autos descendaient la pente lĂ©gĂšre qui aboutit au chĂąteau. Lâune, vĂ©nĂ©rable calĂšche, contenait le substitut du procureur et le juge dâinstruction accompagnĂ© de son greffier. Dans lâautre, modeste cabriolet, avaient pris place deux jeunes reporters, reprĂ©sentant le Journal de Rouen et une grande feuille parisienne. Le vieux chĂąteau apparut. Jadis demeure abbatiale des prieurs dâAmbrumĂ©sy, mutilĂ© par la RĂ©volution, restaurĂ© par le comte de Gesvres auquel il appartient depuis vingt ans, il comprend un corps de logis que surmonte un pinacle oĂč veille une horloge, et deux ailes dont chacune est enveloppĂ©e dâun perron Ă balustrade de pierre. Par-dessus les murs du parc et au-delĂ du plateau que soutiennent les hautes falaises normandes, on aperçoit, entre les villages de Sainte-Marguerite et de Varangeville, la ligne bleue de la mer. LĂ vivait le comte de Gesvres avec sa fille Suzanne, jolie et frĂȘle crĂ©ature aux cheveux blonds, et sa niĂšce Raymonde de Saint-VĂ©ran, quâil avait recueillie deux ans auparavant lorsque la mort simultanĂ©e de son pĂšre et de sa mĂšre laissa Raymonde orpheline. Lâexistence Ă©tait calme et rĂ©guliĂšre au chĂąteau. Quelques voisins y venaient de temps Ă autre. LâĂ©tĂ©, le comte menait les deux jeunes filles presque chaque jour Ă Dieppe. Lui, câĂ©tait un homme de taille Ă©levĂ©e, de belle figure grave, aux cheveux grisonnants. TrĂšs riche, il gĂ©rait lui-mĂȘme sa fortune et surveillait ses propriĂ©tĂ©s avec lâaide de son secrĂ©taire Jean Daval. DĂšs lâentrĂ©e, le juge dâinstruction recueillit les premiĂšres constatations du brigadier de gendarmerie Quevillon. La capture du coupable, toujours imminente dâailleurs, nâĂ©tait pas encore effectuĂ©e, mais on tenait toutes les issues du parc. Une Ă©vasion Ă©tait impossible. La petite troupe traversa ensuite la salle capitulaire et le rĂ©fectoire situĂ©s au rez-de-chaussĂ©e, et gagna le premier Ă©tage. AussitĂŽt, lâordre parfait du salon fut remarquĂ©. Pas un meuble, pas un bibelot qui ne parussent occuper leur place habituelle, et pas un vide parmi ces meubles et ces bibelots. Ă droite et Ă gauche Ă©taient suspendues de magnifiques tapisseries flamandes Ă personnages. Au fond, sur les panneaux, quatre belles toiles, dans leurs cadres du temps, reprĂ©sentaient des scĂšnes mythologiques. CâĂ©taient les cĂ©lĂšbres tableaux de Rubens lĂ©guĂ©s au comte de Gesvres, ainsi que les tapisseries de Flandre, par son oncle maternel, le marquis de Bodadilla, grand dâEspagne. M. Filleul, le juge dâinstruction, observa â Si le vol fut le mobile du crime, ce salon en tout cas nâen a pas Ă©tĂ© lâobjet. â Qui sait? fit le substitut, qui parlait peu, mais toujours dans un sens contraire aux opinions du juge. â Voyons, mon cher Monsieur, le premier soin dâun voleur eĂ»t Ă©tĂ© de dĂ©mĂ©nager ces tapisseries et ces tableaux dont la renommĂ©e est universelle. â Peut-ĂȘtre nâen a-t-on pas eu le loisir. â Câest ce que nous allons savoir. Ă ce moment, le comte de Gesvres entra, suivi du mĂ©decin. Le comte, qui ne semblait pas se ressentir de lâagression dont il avait Ă©tĂ© victime, souhaita la bienvenue aux deux magistrats. Puis il ouvrit la porte du boudoir. La piĂšce, oĂč personne nâavait pĂ©nĂ©trĂ© depuis le crime, sauf le docteur, offrait, Ă lâencontre du salon, le plus grand dĂ©sordre. Deux chaises Ă©taient renversĂ©es, une des tables dĂ©molie, et plusieurs autres objets, une pendule de voyage, un classeur, une boĂźte de papier Ă lettres, gisaient Ă terre. Et il y avait du sang Ă certaines des feuilles blanches Ă©parpillĂ©es. Le mĂ©decin Ă©carta le drap qui cachait le cadavre. Jean Daval, habillĂ© de ses vĂȘtements ordinaires de velours et chaussĂ© de bottines ferrĂ©es, Ă©tait Ă©tendu sur le dos, un de ses bras repliĂ© sous lui. On avait ouvert sa chemise, et lâon apercevait une large blessure qui trouait sa poitrine. â La mort a dĂ» ĂȘtre instantanĂ©e, dĂ©clara le docteur⊠un coup de couteau a suffi. â Câest sans doute, dit le juge, le couteau que jâai vu sur la cheminĂ©e du salon, prĂšs dâune casquette de cuir? â Oui, certifia le comte de Gesvres, le couteau fut ramassĂ© ici mĂȘme. Il provient de la panoplie du salon dâoĂč ma niĂšce, Mlle de Saint-VĂ©ran, arracha le fusil. Quant Ă la casquette de chauffeur, câest Ă©videmment celle du meurtrier. M. Filleul Ă©tudia encore certains dĂ©tails de la piĂšce, adressa quelques questions au docteur, puis pria M. de Gesvres de lui faire le rĂ©cit de ce quâil avait vu et de ce quâil savait. Voici en quels termes le comte sâexprima â Câest Jean Daval qui mâa rĂ©veillĂ©. Je dormais mal dâailleurs, avec des Ă©clairs de luciditĂ© oĂč jâavais lâimpression dâentendre des pas, quand tout Ă coup, en ouvrant les yeux, je lâaperçus au pied de mon lit, sa bougie Ă la main, et tout habillé⊠comme il lâest actuellement, car il travaillait souvent trĂšs tard dans la nuit. Il semblait fort agitĂ©, et il me dit Ă voix basse Il y a des gens dans le salon. » En effet, je perçus du bruit. Je me levai et jâentrebĂąillai doucement la porte de ce boudoir. Au mĂȘme instant, cette autre porte qui donne sur le grand salon Ă©tait poussĂ©e, et un homme apparaissait qui bondit sur moi et mâĂ©tourdit dâun coup de poing Ă la tempe. Je vous raconte cela sans aucun dĂ©tail, Monsieur le juge dâinstruction, pour cette raison que je ne me souviens que des faits principaux et que ces faits se sont passĂ©s avec une extraordinaire rapiditĂ©. â Et aprĂšs? â AprĂšs, je ne sais plus⊠jâĂ©tais Ă©vanoui⊠Quand je suis revenu Ă moi, Daval Ă©tait Ă©tendu, mortellement frappĂ©. â Ă premiĂšre vue, vous ne soupçonnez personne? â Personne. â Vous nâavez aucun ennemi? â Je ne mâen connais pas. â M. Daval nâen avait pas non plus? â Daval! un ennemi? CâĂ©tait la meilleure crĂ©ature qui fĂ»t. Depuis vingt ans que Jean Daval Ă©tait mon secrĂ©taire, et, je puis le dire, mon confident, je nâai jamais vu autour de lui que des sympathies et des amitiĂ©s. â Pourtant, il y a eu escalade, il y a eu meurtre, il faut bien un motif Ă tout cela. â Le motif? mais câest le vol, purement et simplement. â On vous a donc volĂ© quelque chose? â Rien. â Alors? â Alors, si lâon nâa rien volĂ© et sâil ne manque rien, on a du moins emportĂ© quelque chose. â Quoi? â Je lâignore. Mais ma fille et ma niĂšce vous diront, en toute certitude, quâelles ont vu successivement deux hommes traverser le parc, et que ces deux hommes portaient dâassez volumineux fardeaux. â Ces demoiselles⊠â Ces demoiselles ont rĂȘvĂ©? je serais tentĂ© de le croire, car, depuis ce matin, je mâĂ©puise en recherches et en suppositions. Mais il est aisĂ© de les interroger. On fit venir les deux cousines dans le grand salon. Suzanne, toute pĂąle et tremblante encore, pouvait Ă peine parler. Raymonde, plus Ă©nergique et plus virile, plus belle aussi avec lâĂ©clat dorĂ© de ses yeux bruns, raconta les Ă©vĂ©nements de la nuit et la part quâelle y avait prise. â De sorte, Mademoiselle, que votre dĂ©position est catĂ©gorique? â Absolument. Les deux hommes qui traversaient le parc emportaient des objets. â Et le troisiĂšme? â Il est parti dâici les mains vides. â Sauriez-vous nous donner son signalement? â Il nâa cessĂ© de nous Ă©blouir avec la clartĂ© de sa lanterne. Tout au plus dirai-je quâil est grand et lourd dâaspect⊠â Est-ce ainsi quâil vous est apparu, Mademoiselle? demanda le juge Ă Suzanne de Gesvres. â Oui⊠ou plutĂŽt non⊠fit Suzanne en rĂ©flĂ©chissant⊠moi, je lâai vu de taille moyenne et mince. M. Filleul sourit, habituĂ© aux divergences dâopinion et de vision chez les tĂ©moins dâun mĂȘme fait. â Nous voici donc en prĂ©sence dâune part dâun individu, celui du salon qui est Ă la fois grand et petit, gros et mince et, de lâautre, de deux individus, ceux du parc, que lâon accuse dâavoir enlevĂ© de ce salon des objets⊠qui sây trouvent encore. M. Filleul Ă©tait un juge de lâĂ©cole ironiste, comme il le disait lui-mĂȘme. CâĂ©tait aussi un juge qui ne dĂ©testait point la galerie ni les occasions de montrer au public son savoirfaire, ainsi que lâattestait le nombre croissant des personnes qui se pressaient dans le salon. Aux journalistes sâĂ©taient joints le fermier et son fils, le jardinier et sa femme, puis le personnel du chĂąteau, puis les deux chauffeurs qui avaient amenĂ© les voitures de Dieppe. Il reprit â Il sâagirait aussi de se mettre dâaccord sur la façon dont a disparu ce troisiĂšme personnage. Vous avez tirĂ© avec ce fusil, Mademoiselle, et de cette fenĂȘtre? â Oui, lâhomme atteignait la pierre tombale presque enfouie sous les ronces, Ă gauche du cloĂźtre. â Mais il sâest relevĂ©? â Ă moitiĂ© seulement. Victor est aussitĂŽt descendu pour garder la petite porte, et je lâai suivi, laissant ici en observation notre
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